Accueil > Conseil unique d’Alsace > Fusion des départements, aboutit à l’impasse des euro-régions
Fusion des départements, aboutit à l’impasse des euro-régions
mercredi 3 avril 2013, par
J’expliquais précédemment que là où nos voisins ambitionnaient de s’imposer sur la scène internationale et européenne, ou défendaient âprement leurs intérêts, il apparaissait que nous-autres en France nous restions indécrottablement accrochés à une rêve de vie paisible et que c’est exactement là que Philippe, Guy-Dominique, Charles [1] et leurs amis arrivaient et nous disaient qu’avec une Alsace fusionnée, nous allions réussir là où la France d’aujourd’hui échoue.
En fait, ils prennent acte de ce que la France refuse de se battre, de regarder l’Europe et le Monde tels qu’ils sont. Ils considèrent, ou craignent, qu’elle ne voudra plus jamais défendre ses intérêts, s’assoupissant en rêvant qu’un miracle viendrait du dehors. Alors ils se sont dit, surtout Philippe en fait, qu’eux allaient tenter en Alsace un ressaisissement que la France ne semble plus vouloir accomplir.
Il faut comprendre qu’ils ont fait de nécessité vertu, parce que comme ils habitent là le long du Rhin, ils peuvent moins que leurs collègues qui vivent plus loin regarder ailleurs ou se raconter des histoires sur le bonheur que notre suicide nous apporterait. Aussi après des années passées à diriger nos collectivités locales dans un style très… conforme, si ce n’est insignifiant, ils ont fini par prendre l’initiative d’un changement institutionnel radical (c’est toujours très pratique d’accuser les institutions de ce qu’on n’a pas été capable de faire).
Leur politique se déploie en deux versions plus ou moins "autonomiste" ou "régionaliste" d’une même Europe des régions.
"Autonomisme"
Tantôt ils nous disent qu’il faut avancer "sans", voire "contre", la France : lorsqu’ils idéalisent nos voisins ou quand dans la propagande officielle ils écrivent : « Unie, rassemblée, solidaire, l’Alsace sera plus forte pour défendre ses grands intérêts face à l’état et pour mieux travailler avec les régions frontalières de Suisse et d’Allemagne. » (trac vert ou p. 6 du pdf) Vous avez bien lu : l’État est la menace [2], l’Allemagne et le Suisse les partenaires… Ou encore quand la centriste Brigitte Klinkert dit : « Nous voulons mettre en place un système semblable à celui du Bade Wurtemberg. La France et l’Alsace vont mal, si nous ne faisons rien, ça ne va pas s’améliorer [3] » (L’Alsace 19.03.13) Ce qui a au moins le mérite d’être clair. C’est pour cela que les autonomistes et régionalistes soutiennent ce projet.
"Régionalisme"
Tantôt ils nous disent qu’ils sont au contraire les précurseurs de la future politique de décentralisation de la France, qui va céder ici et là des compétences selon les demandes faites, et là ils continuent de nous embarquer dans les rêves d’une globalisation heureuse et d’une Europe qui saurait nous protéger : fini les États, le nôtre en tout cas, remplacés par l’euro-région alsacienne, l’euro-métropole strasbourgeoise, les miraculeuses coopérations transfrontalières, la concurrence "libre et non faussée" entre territoires et une subsidiarité bien comprise — par les lobbies de Bruxelles, les multinationales et les puissances financières, qui n’aiment pas avoir des États dans les pattes, leurs dirigeants ne sont pas sûrs, on n’est jamais à l’abris d’en voir un se remettre à vouloir faire de la politique, ils préfèrent les petits notables qui dirigent des petites entités ethnoculturelles, ceux-là, quoi qu’il arrive, ne posent pas de problèmes parce qu’ils sont tout petits, ne représentent pas des communautés de citoyens, des nations, mais des fractions de celles-ci et sont donc fatalement dociles.
"L’État européen" et les euro-régions
Qu’ils rêvent à une "région contre la France" ou une "région dans la France", le cadre général est toujours celui de "l’État européen", des euro-régions, où les vrais États ont été escamotés. Dans tous les cas de figure cela reviendrait à créer [4] une mosaïque de petites principautés en concurrence les unes avec les autres, autrement dit un contexte idéal pour faire baisser indéfiniment, jusqu’au niveau les plus bas du monde, les revenus du travail, avec toutes les instabilités qui en seront les conséquences.
Ils croient au Père Noël…
Après tout ce qui s’est passé depuis 20 ans et le traité de Maastricht, puis depuis le déclenchement de la crise en 2008, que certains croient à la version « autonomiste » ou à l’ « euro-régionaliste » en espérant que la situation puisse s’arranger et que nous ne finirons pas comme l’Irlande, l’Espagne ou Chypre est très inquiétant, c’est comme s’ils disaient sérieusement croire au Père Noël, à leur âge…
Notes
[1] Les présidents des trois collectivités alsaciennes, Alsace, Bas-Rhin, Haut-Rhin
[2] Nous reviendrons sur le "traitement de faveur" que l’État réserve à l’Alsace, car il y a bel et bien un souci, mais de là à raconter de telles âneries… !
[3] Réponse : « en faisant n’importe quoi non plus. »
[4] À l’image de ce qui existait dans le Saint empire romain germanique